Les belles exotiques : Anges ou démons? Pr Gabrielle Thiébaut _ Samedi scientifique du 7 juin 2014
Publié le 9 Juillet 2014
Les étapes de l’invasion des espèces
- importation
- introduction : apparition +/- fugace à l’état sauvage
- naturalisation : expansion naturelle
- espèces invasives : espèces qui, par leurs proliférations dans les milieux naturels ou semi-naturels, produisent des changements significatifs de composition, de structure et/ou de fonctionnement des écoystèmes.
Impacts économiques des invasives
- Des impacts économiques considérables:
- 50 000 espèces exotiques en Amérique du Nord: coût estimé à près de 120 milliards de dollars par an (Pimentel et al. 2005).
- En 2008 en Europe, coût entre 9,6 et 12,7 milliards d’euros (UE 2010).
- Budget annuel de l’Union Européenne pour lutter contre les espèces invasives: 12 milliards d'euros par an (Union européenne 2010)
Introduction de végétaux
Bilan sur les espèces végétales invasives en France (Aboucaya, 1999):
- 61 espèces invasives avérées
- 65 espèces invasives potentielles
- 91 espèces en attente
58 espèces aquatiques et sub-aquatiques introduites (Thiébaut, 2007)
13 espèces potentiellement invasives et 9 présentant un risque élevé ( Thiébaut & Dutartre 2010)
Majorité des introductions fin 19ième, début 20ième et début 21ième
- > 50% : Amérique;
- ˜ 40%: Asie, Afrique
En Europe, plus anciennes introductions entre - 12000 et – 10000 ans (Pascal et al., 2006). ne pas confondre :archéophytes – néophytes.
9.4% de la flore vasculaire française: espèces naturalisées non natives (Muller et al. 2004)
Enjeux alimentaires: introduire des espèces non indigènes
XV siècle, originaire d’Amérique du Sud : Maïs, Tomates, Pomme de terre
Des espèces non-indigènes non perçues comme telles (Dalla Bernardina, 2010)
Enjeux économiques liés au commerce
- Horticulture
- Pisciculture
- Fourrure
- Aquariophilie
- Loisir
Des échappées des Jardins : la Rudbeckia
Les plantes aquatiques et sub-aquatiques introduites
Sur la liste des 100 espèces les plus invasives (IUCN): 5 espèces aquatiques
- Caulerpa taxifolia: 1984 Méditerrannée, nette regréssion
- Echhornia crassipes: 1930 Portugal, 1989 Espagne
- Spartina anglica:: S. alternifolia X S. maritima = S X townsendii puis S. anglica: Nord-Ouest de la France
- Undaria pinnatifida: Wakamé, 1970 en Europe, Bretagne
- Salvinia molesta: 2010 en Corse dans un réservoir
Les plantes aquatiques et sub-aquatiques introduites : Echhornia crassipes, Salvinia molesta , Spartina anglica, Undaria pinnatifida,Caulerpa taxifolia
Espèces apparues récemment en France et présentant un risque élévé
Introduction volontaire : Espèces rivulaires
Balsamine :
- Impatiens glandulifera
Renouées :
- Fallopia japonica,
- F. sachalinensis
Myriophylle du Brésil
Jacinthe d’eau
Perception sociale : « de l’amour à la haine »
« Les invasions biologiques sont vues comme mauvaises et intolérables, alors qu’elles sont depuis toujours un moteur efficace de la propagation des espèces vivantes.» (Tassin, 2010).
- Les espèces introduites comme boucs-émissaires (Tassin et al, 2010)
- De la bioxénophobie: cas Ibis sacré (Simberloff 2004; Marion, 2010)
Perception sociétale (Dalla Bernardina, 2010):
- Le facteur esthétique
- Le facteur « visibilité/invisibilité »
- Le réflexe de Midas: valorisation, rentabilisation, recyclage
Jussie
- Fascination initiale,
- Prise de distance,
- Apparition des premiers lanceurs d’alerte,
- Gestion,
- Interdiction au transport et à la vente en 2007,
- 2010 " la guerre contre la Jussie" : vocabulaire militaire
Renouée du Japon
Historique introduction en Europe
Au XIXème siècle, Philip von SIEBOLT, médecin de la Compagnie hollandaise des Indes, les rapporte aux Pays-Bas. Puis, il fonde une compagnie horticole spécialisée dans l'importation de plantes orientales. En 1848, son catalogue propose ainsi à la vente des renouées du Japon.
Rapidement, la plante est plantée dans toute l'Europe et même aux Etats-Unis. On a attribué à la Renouée du Japon maintes vertus (élégance du port, floraison automnale, richesse en nectar) mais aujourd'hui elle est inscrite à la liste de l'Union internationale pour la Conservation de la Nature des 100 plantes les plus préoccupantes.
La Renouée du Japon dans son aire naturelle. �A gauche : La variété de plaine, Fallopia japonica var japonica, occupe les mêmes habitats que la forme invasive dans son aire d'introduction. On la rencontre ici le long de berges artificialisées de la rivière Kaname (Hiratsuka, Japon). A droite : Une variété naine de montagne, Fallopia japonica var compacta, colonise ici les cendres volcaniques du Mont Fuji (Japon).
Transformer en Or ou le réflexe de Midas? Vivre avec les invasives?
Exemple de la Balsamine : une espèce mellifère appréciée par les apiculteurs
Exemple de la Jacinthe d’Eau E. crassipes :
- Originaire Amérique du Sud, Plante ornementale : en France ponctuellement présente hors bassin
- Peste au niveau zone tropicale et intertropicale et au Portugal et en Espagne.
- Jacinthe d’eau : 14 680 000 €: de 2005 à 2007 en Espagne , 470 000€ de 1999 à 2004 au Portugal
- Mais 2010 Barret : Risque faible car reproduction clonale vs. E. azurea (reproduction sexuée)
- peu de floraison, pas de fructification observée en France, ne supporte pas l’hiver, autres effets que température?
- Des atouts: pouvoir bioaccumulateur : Valorisation par méthanisation
Attitude en Europe-Amérique:
- Épandage de pesticides par hélicoptère : 2 millions de dollars en Louisiane
- Mais on continue de la vendre en Jardinerie
- D'autres valorisation? lagunage eaux usées? --méthanisation?
Attitude en Afrique- Asie
- Nourriture des cochons: Vietnam
- Artisanat
- briquette de chauffage: Afrique
- arrachage manuel: concours
- lagunage eaux usées
Un manque de connaissances
« Connaissances restent fragiles et difficilement généralisables »(Barbault & Atramentowicz, 2010)
Impact écologique????
- Érosion de la biodiversité: controversée
- Dégradation des habitats: milieux dégradés favorables aux introductions?
- « Les espèces invasives conductrices ou passagères des changements écologiques » Mc Dougall & Turkington 2005; Didham et al. 2005)
«La victime était le coupable» (Barbault et Teyssèdre, 2009)
Le degré d’invasibilité des écosystèmes est favorisé soit par le degré d’isolement entraînant une biodiversité simplifiée (ex : îles océaniques, certains lacs), soit par des perturbations anthropiques (ex : eutrophisation)