La motte de terre

Publié le 17 Janvier 2014

Il était tôt, le jour pointait à peine, je marchais depuis une bonne heure déjà ! J’avançais précautionneusement, afin de causer le moins de désordre possible à ces lieux où je me sentais invité : à ce titre, il convenait donc de bien se conduire et de ne pas se croire en « terrain conquis » ! Je m’arrêtais souvent pour observer tantôt un oiseau ou pour m’aplatir à la manière d’un sioux au passage d’un renard ou, plus prosaïquement, pour jouir tout simplement du calme et de la paix émanant de l’endroit !

Soudain, mes yeux se posèrent sur une motte de terre !
Une simple tache sombre dans l’herbe du pâturage que je longeais. Rien d’anormal en fait sauf que… Sans vraiment savoir pourquoi, la chose m’attirait ! Toujours sans me
presser, je me dirigeais vers ce point fixe ! Cela dura quelques minutes durant lesquelles mon esprit, à nouveau, vagabonda inspiré par les bruits et senteurs des lieux : la quiétude à cette heure matinale était totale et pour le moins communicative !
Pour autant, je ne perdais pas de vue la motte de terre qui, me semblait-il, n’était pas si immobile que cela : ce n’était toujours qu’une simple impression mais, un léger tressaillement, un infime frémissement semblait l’avoir animé un bref instant ! Je me concentrai davantage sur « la chose » tout en poursuivant mon approche…
Quelques pas encore…
Pas de doute : cette fois la motte avait bel et bien bougé !
Oh, toujours de manière imperceptible mais, quand même suffisamment pour muer mon impression en certitude que je n’avais pas rêvé. Je me figeai aussitôt et ne
quitta plus mon objectif des yeux ! Parti « à l’aventure », muni de mon appareil photo, je n’avais pas pris la peine de prendre des jumelles et, ce matin-là, durant un bref instant,
je le regrettai !

Le chat forestier d’Europe (Félis Silvestris Silvestris) occupe actuellement une aire de distribution disjointe sur le continent européen (…). En France, l’espèce est protégée depuis 1979 et le territoire héberge l’une des plus belles populations européennes. L’animal y est signalé de longue date, mais les confusions avec le chat domestique n’ont pas facilité la compréhension de sa distribution d’autant que celle-ci a probablement évolué au cours des siècles passés. Pour davantage de renseignements, voir entre autres : Faune Sauvage n° 280 (avril 2008)

Le chat forestier d’Europe (Félis Silvestris Silvestris) occupe actuellement une aire de distribution disjointe sur le continent européen (…). En France, l’espèce est protégée depuis 1979 et le territoire héberge l’une des plus belles populations européennes. L’animal y est signalé de longue date, mais les confusions avec le chat domestique n’ont pas facilité la compréhension de sa distribution d’autant que celle-ci a probablement évolué au cours des siècles passés. Pour davantage de renseignements, voir entre autres : Faune Sauvage n° 280 (avril 2008)

Deux, trois, quatre pas…
La motte de terre s’anima encore : j’étais maintenant suffisamment proche pour la distinguer avec davantage de précision ! En fait, c’était bien un animal à l’affut : ses derniers mouvements me le plaçait de dos et je pouvais très nettement distinguer une paire d’oreilles dressées. Le déclic de mon appareil photo le figea. Il me devina plus
qu’il ne me vit ! Sa tête pivota dans ma direction et je pus enfin l’identifier : c’était… un magnifique chat forestier !
Un nouveau déclic et le voilà dressé, prêt à bondir…
Durant une seconde, nos regards se croisèrent et puis, tout s’accéléra : déjà Félis Silvestri était sur ses pattes et détalait prestement vers le bois protecteur proche, me laissant à peine le temps de l’admirer dans toute sa beauté et sa grâce naturelle… C’était fini !
Bien malgré moi, je venais d’interrompre la traque d’un superbe animal fort discret dont, quelques minutes auparavant, je ne soupçonnai pas même la présence !
Bien que ravi par cette rencontre aussi inattendue qu’éphémère, je n’en regrettai pas moins une fois encore d’avoir ainsi perturbé l’ordre établi en ces lieux où, décidemment,
nous autres humains ne serons jamais autre chose que de vilains trouble-fêtes !
(Kunzenbruehl, matin du 26 juillet 2013)

Merci à Jean-Louis SCHMITT (RAUWILLER) pour ce beau témoignage